Lectures d'octobre

[flo_nelja]

"Pour voir les plectrophanes naître", par Suzanne Paradis
Poésie, environ 90 pages. J'avance dans ma lecture de tous ses recueils ! Celui-là n'est pas découpé en parties, c'est un seul long poème, sur la solitude loin de l'amant (que lui est-il arrivé ? est-til parti exprès ? on ne sait pas) puis sur l'équilibre lentement retrouvé, entre autres grâce à la nature. Ce n'est pas un poème narratif, il ne faut pas espérer comprendre tout ce qui se passe, mais je trouve toujours cela très beau.

Grêle d'oiseaux blancs dans les pièges du sang
ton amour tourne joies et le soleil chancelle
je te prends à la gorge mon amour j'immole
à tes larmes fureurs et vertiges
C'est ainsi que je t'attends le crime aux mains
que je prépare le sourire définitif
à ta bouche prise de lumière
8/10


"Dors ton sommeil de brute", par Carole Martinez
Pour la catégorie "Dreams" du Reddit fantasy bingo
Roman, environ 400 pages. Un rêve fait le tour du monde et frappe tous les enfants, puis un autre rêve le suit ; les influences que cela a sur le monde réel sont de plus en plus alarmantes, et répondent à des inquiétudes écologiques réelles. Eva est une mère qui a fui son mari qui frappait sa fille, et qui doit maintenant la protéger d'un autre péril.
J'aime toujours l'écriture de Carole Martinez, mais je n'ai pas accroché à celui-là. C'est entre la fantasy et la science-fiction, et ça ne marche vraiment ni dans une catégorie ni dans l'autre. Pas non plus comme une histoire de réalisme magique : sa façon de décrire une panique globale, à l'échelle mondiale, ne marche pas vraiment. Elle essaie de faire plus symbolique, mais on vit dans ce monde, alors ça passe mal. Comme d'habitude, quand quelque chose touche la population entière, j'ai vraiment du mal à me laisser convaincre que les personnages principaux sont plus importants que tout le monde.
La relation entre la mère et la fille est cool, mais les histoires d'amour ne me plaisent pas du tout. La fin est... pas mal ? Je ne savais pas où ça allait, ça retombe un peu à plat, mais cela évite pas mal de gros écueils.
6/10


"Yokai. Créatures et esprits surnaturels du Japon", par Koichi Yumoto
Artbook, environ 500 pages. Des copies de différentes oeuvres de différentes époque du Japon (principalement 17e-20e siècle, mais ça fait déjà une certains diversité !) montrant des yôkai, toutes issues de la même collection privée. Il n'y a pas 500 oeuvres, mais chacune d'entre elles bénéficie de plusieurs gros plans en plus de la reproduction globale, ce que j'ai beaucoup apprécié ! Surtout pour les rouleaux, qui ne sont pas les mieux adaptés à une reproduction en livre occidental.
Il y a aussi quelques petites explications des légendes. Très courtes ; j'aurais aimé deux fois plus long. J'ai appris plus de détails sur la légende à l'origine de Sarazanmai. Oh, j'aurais aussi aimé plus d'explications sur les auteurs, les sources, les époques, etc. C'est un artbook ! Mais comme je n'aime pas tous les styles de dessin, c'est vrai que je cherchais aussi un aspect documentaire, qui n'y est pas vraiment.
Mais si on le lit/regarde pour ce que c'est, il est très intéressant !
8/10


"The Monster Baru Cormorant", par Seth Dickinson
Pour la catégorie "Disabled Characters" du Reddit fantasy bingo
Roman, environ 400 pages. La suite de "The Traitor Baru Cormorant", donc contiendra des spoilers dessus.
J'ai vu souvent des livres décrits comme "tome de transition", mais j'ai rarement vu des livres pour lesquels cela s'appliquait aussi clairement. Même si j'ai beaucoup aimé tout ce qui se passe dedans, il n'a pas d'unité narrative avec une début et une fin. Baru aimerait pouvoir passer à la suite, utiliser cette influence pour détruire le gouvernement de l'intérieur, mais non, elle doit gérer les conséquences de ses actes du tome 1, et la suite sera pour le tome 3.
Les conséquences sur elle-même. Elle a réussi à parvenir à un des postes de pouvoir de l'empire, mais après avoir tout sacrifié pour cela, elle est alcoolique et dépressive, sans compter qu'un coup sur la tête l'a rendue à moitié aveugle (et peut-être quelque chose de plus complexe).
Et bien sûr, tous les gens qui veulent se venger d'elle pour le tome 1, de façon plus ou moins justifiée. En général très justifiée, ceci dit. Même si certains pardons peuvent venir aussi comme des surprises.
C'est un tome très déprimant. Il a trois parties, tous commençant par "The Fall of...". Baru est toujours intelligente, mais sa dépression, quoique très réaliste, est frustrante (si elle n'avait pas mis si longtemps à ouvrir ses lettres, peut-être l'histoire aurait-elle été différente). De plus, elle joue contre seulement des gens qui sont à son niveau maintenant, des conseillers impériaux, donc elle semble moins brillante.
Par contre, le worldbuilding est incroyable. J'ai accroché aux différentes cultures présentées ici plus que j'avais accroché à Aurdwynn, et le mélange d'esthétique fantasy et de concepts science-fiction rend très bien.
J'adore l'écriture. C'est parfois épique, grandiose et pesant (mais avec des thèmes qui méritent largement cet asepct pesant, c'est de la tragédie), et parfois aigu et cruellement bref et rationnel.
8/10



Progression : 94/52
"Risques de lecture" : Dors ton sommeil de brute -> 48/26
r/fantasy : 25/25