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[personal profile] flo_nelja

"Le tour du cadran", par Leo Perutz
Roman, environ 250 pages. Des petites scènes, dans la Vienne du 19e siècle, où Stanislas Demba, le personnage principal, se comporte de façon qui peut sembler très étrange et malpolie. On apprend au bout du tiers du livre en question que c'est parce qu'il a échappé de justesse à la police, et ses mains sont toujours menottées, et il essaie de mener une vie normale en le dissimulant ; on l'apprend environ au tiers du livre. Ces scènes relèvent souvent de la satire sociale humoristique, parfois de la réflexion sur les petites libertés auxquelles on ne fait pas attention, sur la liberté en général, de façon métaphorique. Le scénario global est aussi bien mené que puisse l'être une suite de scénettes, la chute est surprenante... mais je n'ai pas accroché parce que je déteste Stanislas Demba. Il est censé être bourré de défauts et de ridicules, mais sympathique et attendrissant quand même ; personnellement, rien que pour la façon dont il parle des femmes en général et de Sonia en particulier, j'avais envie de lui mettre des claques.
6/10


"La troisième balle", Leo Perutz
Roman, environ 280 pages. On en revient à ce que je préfère chez cet auteur, le fantastique historique. Le personnage principal, Grunbach, commence comme un vieil homme amnésique, qui n'arrive pas à recoller les morceaux de son passé. Autour d'un feu de camp, sans qu'il se sache, un homme lui raconte sa propre histoire... quand il s'est dressé contre Cortez lors de la conquêtes des Amériques, avec seulement trois balles dans une arquebuse - et cela aurait pu suffire, si elles n'étaient pas maudites. Haaaa, la construction est toujours aussi démoniaque, le côté "on le savait depuis le début, mais pas comme ça". L'irruption du fantastique, qui à la fois est totalement naturelle et à la fois nous fait toujours douter. L'ambiance, que ce soit celle de la nature d'Amérique du Sud, celle du camp de Cortez, celle de la cour des princes aztèques... Les passages avec le diable. Les retournements de situation imprévisibles mais parfaitement agencés.
C'est un livre génial, mais je vais quand même mentionner les points négatifs, parce que... Déjà, comme souvent, problème avec l'écriture des personnages féminins. Ensuite il ne va pas très en profondeur dans sa description de la société aztèque, les détails qu'il donne sont frappants et souvent réels, mais il y a des points qu'il ne donne pas, et au total cela apparait comme un peu biaisé, les présentant à la fois comme moins cruels et moins avancés qu'ils ne l'étaient. Et enfin cette fin est trop horrible ! Argh ! De quel droit se permet-il ? T_T S'il avait eu un minimum de compassion, il aurait tué son personnage principal, comme il le fait pressentir depuis le début ; mais juste au moment où on en arrive à le vouloir parce que ce serait la moins pire des fins... la malédiction se réalise autrement.
9/10


"L'encre du poulpe", par Sylvie Germain
Nouvelle, environ 40 pages, un joli petit livre dans une collection pour la jeunesse. J'avais entendu dire du bien de l'auteur, et il y avait un poulpe... Résultat, je suis déçue. L'histoire : Laure s'est fait jeter par son amoureux ou mari, ce n'est pas clair, déprime, et retrouve le goût de vivre en voyant un poulpe dans un aquarium. C'est bien écrit, il y a de jolies images, des références à Victor Hugo, mais... je ne sais pas, je n'ai pas accroché au personnage une seule seconde, et malgré toute la symbolique autour, la fin optimiste me semble très artificielle. Elle essaie d'être forte au niveau symbolique à la place, et ce n'est pas mal à ce niveau, mais pas assez pour le faire passer pour moi, et même les références font un peu prétentieuses.
5/10


"Debout sur un pied", par Nina Jaffe et Steve Zeitlin
Recueil de contes yiddish, environ 120 pages. Ce sont des contes dont les héros sont intelligents sans pour autant jouer des tours pour le plaisir - sans vouloir stéréotyper, j'ai l'impression que c'est plus courant dans les contes juifs en général, mais ceux-là ont clairement été choisis pour - et mis sous formes d'énigmes. L'histoire s'arrête en plein milieu, quand le héros est en difficulté, et on dit au lecteur : essaie de deviner comment il va s'en sortir. Qu'aurais-tu fait à sa place ? J'aime beaucoup comment c'est fait. Les histoires sont très courtes, il y en a plusieurs que je connaissais déjà, mais cela reste très agréable à lire.
7/10


"Mama Lola - A Vodou Priestess in Brooklyn", par Karen McCarthy Brown
Environ 400 pages, conseillé par [profile] izys pour avoir une idée plus nette sur le vaudou... c'était effectivement très intéressant ! Je n'ai pas spécialement accroché à la looongue introduction et présentation qui remet le livre dans son contexte historique, mais le contenu en soi, j'étais à fond.
Karen McCarthy Brown, une anthropologue, a donc côtoyé pendant longtemps Mama Lola (Alourdes Champagne), une prêtresse vaudou émigrée aux Etats-Unis. Leur relation a été suffisamment intense pour qu'elles deviennent vraiment amies. Aussi, l'auteur s'est fait initier au vaudou.
Le livre lui-même a une structure que j'aime beaucoup : les chapitres impairs sont des récits tirés de l'histoire familiale de Mama Lola, du 19e siècle à la fin du 20e, chacune étant écrite sous la forme d'une nouvelle, chacune parlant à la fois du vaudou et de la vie quotidienne, et du vaudou dans la vie quotidienne, mais aussi d'événements surnaturels exceptionnels.
Les chapitres pairs sont chacun centrés sur un Loa important dans la vie de Mama Lola et mêlent, avec une forte cohérence thématique mais sans souci chronologique, une description de sa personnalité, des récits de moments de la vie de Mama Lola où le loa a été très important dans sa vie, et souvent une ou deux descriptions de possession. En tout, on a Azaka, Ogou, Kouzinn (le pendant féminin d'Azaka), Ezili, Dambala et Gede.
C'était très agréable à lire et passionnant, je le recommande à ceux qui veulent apprendre des choses sur le vaudou !
9/10


"La cité de l'indicible peur", par Jean Ray
Roman, environ 250 pages. Un ancien secrétaire de Scotland Yard, pointilleux et avec une bonne mémoire mais sans imagination ni intelligence aucune, prend sa retraite dans une petite ville, ou sa réputation devient rapidement celle d'une grand inspecteur - et il est trop poli pour démentir. Ainsi, on lui demande son avis sur toutes les affaires bizarres de la ville, mais sont-elles des affaires criminelles, ou des affaires surnaturelles ? Ou peut-être la réponse est-elle "cela dépend".
J'aime comment on nous laisse dans le doute sur le dernier point jusqu'aux dernières pages, c'est très bien mené. J'aime aussi bien le secrétaire retraité, alors que d'habitude les persos incompétents à qui on fait faire ce dont ils ne sont pas capables à cause d'un malentendu, ça me dérange... mais ici, le mélange de vie mondaine quotidienne entre personnes d'apparence ultra-banale et d'histoires horribles donne une ambiance légèrement surréaliste qui n'insiste pas du tout sur le côté embarrassant. Je n'aurais pas cru que le mélange marcherait, mais en fait, si.
On m'a dit qu'il y avait une adaptation en film comique, on m'a dit aussi que ça changeait complètement l'esprit, mais en fait... il y a un côté humoristique, pas explicite, mais à mon avis, bien présent, dans le décalage en question. Même s'il y a aussi des ambiances oppressantes et des morts horribles, bien sûr.
8/10


"Treize contes maléfiques", par Villiers de l'Isle-Adam
Recueil de nouvelles, environ 150 pages. C'est publié en littérature jeunesse ; les contes ne sont pas modifiés, heureusement, mais une sélection a été faite dans différents recueils, et il y a des notes pour les mots de vocabulaire rare (qui sont nombreux, Villiers de l'Isle-Adam n'hésite pas à s'en servir)
C'est soit du conte fantastique, soit de la satire sociale dirigée contre la bourgeoisie et le positivisme, soit de l'horreur psychologique subtile, soit tout à la fois. Il y en avait de très intéressantes, d'autres qui m'ont semblé soit superficiels soit argumentant en faveur d'une idée à laquelle même le temps d'une nouvelle je ne peux pas croire. Aucun qui m'a touchée émotionnellement, ou même fait frissonner d'horreur, et c'est dommage. J'en reste surtout avec l'idée de joliment écrit, et je ne pense pas en lire d'autres sauf si on me les met sous le nez. Mes préférées... celle avec la morgue, celle avec le recyclage des fleurs, et celle avec la grande peur des bourgeois, je crois.
6/10


"La harpe et l'ombre", Alejo Carpentier
Environ 220 pages, un roman sur le procès en béatification de Christophe Colomb (pour avoir permis la christianisation d'une moitié du monde). La première partie, "la harpe", est le point de vue du pape qui a lancé cette idée, et de ce qui l'a poussé. La seconde partie, la plus longue, "la main", est l'histoire de Christophe Colomb, racontée de son point de vue. La troisième, "l'ombre", raconte la délibération en soi. Comme souvent, l'édition est bizarrement faite, et le résumé de quatrième de couverture semble partir du principe que la troisième partie sera la plus importante, mais pas du tout.
C'est le genre de roman historique qui a fait une recherche de dingue, avec plein de petits éléments qu'on retrouve, mais qui est avant tout une oeuvre d'imagination et se permet éventuellement d'en dévier très largement. Cela demande une certaine culture pour comprendre toutes les références, j'ai vu des gens citer cela comme un point négatif. Moi cela ne m'a pas gênée, au contraire. Et ce n'est pourtant pas la période que je connais le mieux.
Son Christophe Colomb est un personnage cohérent, vivant, charismatique, pas du tout idéalisé... et pourtant, je n'arrive pas à avoir la moindre affection pour lui, ce qui gache un peu l'intérêt que j'aurais pu porter à la seconde partie du livre.
Ce qui fait que ma préférée est vraiment la troisième. J'adore toutes les petites références pointues, les plaisanteries, qui se font les différents religieux lors de la délibération. Et l'image - métaphorique, ou fantastique, ou les deux - de tous les auteurs cités qui apparaissent dans la salle en esprit, Leon Bloy, Jules Verne, Lamartine, Hugo, tous observés avidement par l'esprit de Colomb... j'ai trouvé cela vraiment frappant.
7/10


Progression : 80/52

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flo_nelja

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