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[personal profile] flo_nelja
Soyons fous, puisque de toute façon je crossposte sur Babelio, je vais tenter de donner des notes, elles sont subjectives, ne les prenez pas autrement.


"A Place of Greater Safety", par Hilary Mantel
Roman historique, environ 900 pages, recommandé par [personal profile] selenak sur LJ et crookedsin sur tumblr. C'est une biographie romancée de Camille Desmoulins - Danton et Robespierre sont aussi très présents, ainsi que Lucile Desmoulins, bien sûr, et une foule d'autres personnages, sans compter la révolution elle-même, dont on sent le souffle épique et tragique, noble ou horrible, tout le long.
Le livre est principalement écrit à la troisième personne, mais de temps en temps, on a des passages à la première personne, des extraits de journaux, de rapports, réels ou inventés, des petites scènes écrites en mode théâtral, ce qui forme un bric-à-brac qui en théorie ne devrait pas être recommandé comme mode d'écriture, mais qui, en l'occurence, marche excessivement bien.
Ce en quoi Hilary Mantel est très douée et qui fait marcher son texte : les répliques ou autres remarques sarcastiques, dans les dialogues ou la narration. C'est souvent de l'humour noir, mais j'ai pouffé régulièrement. L'ironie dramatique. Les relations interpersonnelles intenses et complexes, qui ne rentrent jamais dans des moules, qu'on ressent à travers les dialogues et les actes plutôt que les analyses externes. La description des mouvements de foule. On peut imaginer à quel point chacun de ces talents est précieux pour le sujet en question ! Elle sait utiliser les personnages féminins, ce qui n'est pas toujours évident, avec un tel thème. Elle a aussi fait une très, très grande quantité de recherche et maîtrise parfaitement son sujet.
En fait, cela en devient presque frustrant. Je me retrouve à lire de très longs passages en me disant, wow, elle sait parfaitement l'histoire et comment la rendre, elle sait comment rendre l'ambiance, sa caractérisation de Danton, de Robespierre, de Mirabeau, de Marat, de Madame Roland, sont parfaites, et... he, mais ça, cette conspiration, cette relation personnelle, ce n'est pas vrai, c'est OOC ! Puis je me reprends, je suis bête, c'est un roman historique, bien sûr, elle a le droit et presque le devoir de s'éloigner de l'histoire, mais elle me l'avait fait oublier un instant. Ca ne veut pas dire qu'elle le pense, ou qu'elle veut le faire croire. C'est juste que même si l'histoire pure est passionnante, et tragique, et complexe, elle peut bien rendre son livre encore plus complexe !
Dans les divergences qui ne m'ont pas gênée : sa version de Camille et du ménage Desmoulins ne correspond pas du tout à ce que j'imagine, beaucoup plus débauché, en premier (elle utilise dans son roman des histoires qui, à mon avis, sont des rumeurs sans fondement, et néglige explicitement les journaux de Lucile comme pieux mensonges ne contenant que des pensées élevées pour la postérité) mais Camille est tellement bien écrit, infiniment charismatique et charmant et irresponsable, toujours cohérent avec sa figure publique, que vraiment, comment s'en plaindre ? La dynamique entre eux est excellente - même si ça a bien mal commencé, avec Camille qui l'avait juste demandée en mariage pour pouvoir continuer à séduire sa mère. Oh, et la tension sexuelle lourde Danton/Lucile et Danton/Camille sont très bien écrites, au point qu'on peut s'attrister que cela ne finisse jamais en threesome.
Dans les divergences qui m'ont gênée : une insistance à mettre les hébertistes en méchants sans nuances, et plus personnellement une obstination, pour l'effet tragique, à écrire toutes les amitiés de Robespierre autres que Camille comme toxiques ou insignifiantes. Je comprends qu'on écrive Saint-Just comme très déplaisant dans un tel cadre, mais ici dans la moitié de ses apparitions il l'est de façon OOC, et surtout l'auteur est très injuste avec les Duplay et ça m'attriste de penser que certains lecteurs n'auront que cette image d'eux, surtout quand elle a tant de personnages secondaires écrits de façon beaucoup plus nuancée à côté.
9/10


"Légendes du monde", par Daniel Bertolino
Environ 90 pages, un livre de contes, ou plutôt des novelisations d'une série télé d'adaptations de contes, qui apparemment est passée dans les années 80 sur Antenne 2. Illustré avec les photos de la série télé en question, donc ! C'est assez kitsch. Et assez neuneu, avec la morale comme quoi il faut être gentil avec les animaux et les étrangers qui échoue encore plus à être subtile que dans le conte moyen. Point positif : ce sont des contes originaux, j'avais entendu certains des contes européens, et encore, des versions différentes, et quant à ceux d'Afrique et d'Amérique du sud, je ne les connaissais pas du tout, et ils ont des schémas intéressants. Parfois, on se demande si l'auteur essaie de faire à moitié conte fantastique, en laissant des éléments dans le flou, ou si la narration est juste mauvaise. Je ne recommande pas en soi, mais je pense qu'on peut faire quelque chose avec.
5/10


"Légendes et récits vendéens (le surnaturel)", par Jean Robuchon
Un bouquin sur les légendes vendéennes, édité en 1944, environ 200 pages. C'est bien fait, avec une partie sur Mélusine, une partie sur Barbe-Bleue, une partie sur les fées et autres lutins, et une sur les miracles et autre merveilleux chrétien. Ca me semble bien fait, raisonnablement complet, agréable à lire, et, par rapport à la moyenne du genre il ne me semble pas trop déraisonnable dans le bashing des inteprétations de ses collègues. :-) Même si parfois, certaines opinions sont... de leur époque, on va dire.
7/10


"Le dernier voeu", par Andrzej Sapkowski
Environ 400 pages, premier tome d'une série de fantasy polonaise. Avec un héros badass qui est "sorceleur" (ça me frustre un peu de ne pas avoir la VO) et tue des monstres, principalement pour de l'argent. La structure se compose d'une petite scène de convalescence et développement de personnage, en sept parties, et entre les parties en question, de différents flashbacks qui forment chacun une aventure. On ne m'avait pas dit que les aventures en question étaient des détournements de contes de fées en mode semi-parodique, semi-dark ! Ceci dit, ça n'a pas suffi à me le faire apprécier. Il y a quelques idées amusantes, mais je n'ai pas accroché aux personnages, l'univers n'a rien d'original, j'ai été très rarement surprise, et... voilà, déception. Des amis qui ont joué au jeu video m'avaient parlé de l'importance majeure des choix moraux difficiles et des conséquences, mais pour l'instant, même si je peux voir et apprécier ce thème, surtout dans le chapitre "Le moindre mal", il n'est pas exploité de façon particulièrement créative non plus. Ce n'est pas que c'est franchement mauvais, mais c'est neutre, et je m'attendais à mieux.
5/10


"Contes des sages du Tibet", par Pascal Fauliot
Livre de contes, environ 250 pages, de la même collection que les contes sur les rivières que j'ai lu la dernière fois. Une première agréable surprise : même si la structure est la même, petits contes courts, à l'exception de deux, il y a toujours de la continuité, des personnages récurrents, dans des histoires qui peuvent se lire soit à part soit comme part d'une histoire plus longue, qui varient du pur conte de fées plein d'aventures à l'énigme morale : Drougpa Kounley, figure de trickster, illuminé qui viole toutes les lois du bouddhisme pour mieux en enseigner les principes, Yéshé Tsogyal, la princesse qui a introduit le bouddhisme au Tibet, ou Milarepa, ancien mage noir repenti et devenu un sage poète.
Une déception, pour moi, est que tous ces contes sont bouddhistes. La religion shamanique ancestrale, qui pourtant m'intéresse, apparaît rarement, et seulement dans des rôles de méchants.
Les histoires sont mystérieuses et paradoxales, comme souvent les contes bouddhistes. Personnellement, ce n'est pas ma religion, donc certaines histoires, celles avec des maîtres qui sont menteurs et abusifs pour le plus grand bien, à savoir enseigner l'illumination, ne me parlent pas vraiment, mais elles restent bien racontées, et je suppose que le fait de choquer fait partie du principe. L'auteur, en tout cas, laisse le public méditer dessus ; c'est un peu adapté pour un public occidental, bien sûr, mais à aucun moment cela ne prend le lecteur pour un imbécile.
Comme souvent dans cette collection, il y a de très jolies illustrations, une belle mise en page, et des petits morceaux de poèmes entre les histoires.
6/10


"Dans les archives secrètes de la police : quatre siècles d'Histoire, de crimes et de faits divers", publication dirigée par Bruno Fuligni
Environ 550 pages, un recueil de tout petits articles sur des histoires auxquelles ont été mêlées la police en France du 17e au 20e siècle, soit très connues, soit particulièrement intéressantes, soit juste drôles. Parfois, les "archives secrètes" en question - rapports de police de toutes les époques, etc - sont cités en intégralité, mais pas toujours, et ce n'est pas une si gross proportion du livre.
Il y a trois parties principales et neuf sous-parties, dont chacune contient une dizaine de dossiers : le vol, le meurtre, la combine, le crime politique, la subversion, la rue, la prostitution, l'homosexualité, l'adultère.
J'ai commencé avec l'intention d'en lire quelques-uns, juste sur les sujets qui m'intéressaient, et c'est très attractif, je me suis retrouvée à tout lire. C'est aussi parfois superficiel. Il n'y a pas de grandes controverses pointues, et ce n'est pas là qu'on trouvera des détails techniques sur l'évolution de la police française à travers les siècles, à part dans une courte introduction.
Mais ça n'empêche pas que j'ai appris ce qu'était "l'affaire du Courrier de Lyon" que j'avais vue mentionnée sans en connaître les détails, que j'ai eu des détails qui glacent le sang sur la rafle du Vel d'Hiv, que j'ai appris les doutes sur les causes de la mort d'Emile Zola, ou Mai 68 du point de vue de la police, ou les rapports sur les surréalistes et à quel point leur subversion est dangereuses, ou la façon hilarante qu'ont les raports de police du 19e siècle de parler de prostitution sans termes trop crus... et en bref, en tant qu'ignare sur le sujet, j'ai beaucoup aimé le lire.
8/10


"Fahrenheit 451", par Ray Bradbury
Un grand classique de la sf, environ 200 pages. Je pensais que c'était plus long (comme souvent avec les classiques). Mais voilà, je suis en mode combler les trous dans ma culture, au moins en ce qui concerne Bradbury. Comme souvent dans ce qu'il écrit, l'écriture est magnifique, vraiment poétique, et j'ai été très touchée par la fin. En tant que conte moral, je ne trouve pas ça aussi édifiant que je l'avais entendu dire, et il y a même des fois où j'ai envie de dire WTF Bradbury. Mais j'adore la partie sur les hommes qui deviennent en quelque sorte les livres qu'ils ont appris. D'ailleurs j'avais déjà lu "L'éclat du Phenix", la nouvelle de Bradbury sur le même sujet, qui est très belle aussi, et que j'aime peut-être plus, sur le total.
8/10


"Dix brèves rencontres", par Agatha Christie
Recueil de dix nouvelles, environ 180 pages. Elles sont tirées de différents recueils, et ont comme point commun d'avoir été choisies pour une adaptation en série télé. Il y a quelques enquêtes, beaucoup d'histoires compliquées avec des magouilles et de la manipulation qui ne relèvent pas du criminel à proprement parler, et même un peu de fantastique.
C'est facile et agréable à lire, mais, de mon point de vue, inégal. Tout dépend de si la magie de la sympathie avec les personnages réussit, en fait. La meilleure au niveau scénario est sans doute "Le vase bleu", mais je n'ai pas accroché. Par contre, la première, "La vivante et la morte", qui est du pur fantastique, m'a beaucoup plu. Les romances sont, souvent, de mon point de vue, un peu trop fleur bleue. Certains des réseaux de manipulations et d'embrouilles sont plus convaincants que d'autres. J'aime bien le concept de Parker Pyne, qui, contre rétribution, manipule les gens pour les rendre heureux ; il faudrait probablement que je lise un jour le recueil entier sur lui.
6/10


Progression : 56/52 -> fini
"Risques de lecture" : A Place of Greater Safety, Le dernier voeu, Dans les archives secrètes de la police, Fahrenheit 451, Dix brèves rencontres -> 28/26, fini aussi !

(C'est la première fois que je finis mon défi si vite. C'est probablement parce que j'écris si peu dernièrement...)

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