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Alors, beaucoup de gens ont été horrifiés par les contes d'Andersen parce qu'ils sont super-déprimants, et je peux le comprendre. Ceci dit, celui qui m'a le plus traumatisée personnellement est plus du genre humour noir + symbolisme philosophique...
Donc, le héros est un savant du nord qui vit dans les pays chauds. De sa fenêtre d'en face vient une merveilleuse musique. Il ne peut pas y aller, mais son ombre y est projeter, et un jour elle y reste. Il s'inquiète un temps, mais la sienne repousse.
Son ombre revient ensuite sous la forme d'une personne - dans la fenêtre d'en face, il y avait la Poésie, qui lui a donné consistance. Il n'a juste pas d'ombre à lui. L'ombre peut s'infiltrer chez les gens, connaître leurs secrets les plus sombres et les révéler, il est devenu celèbre et respecté pour ça. Le savant, lui, qui écrit sur la bonté théorique des humains, n'a pas de succès du tout.
L'ombre lui propose de l'accompagner dans un voyage en se faisant passer pour son ombre à lui. Le savant accepte, et l'ombre a encore plus de succès d'avoir une "ombre" aussi intelligente. Même une princesse s'intéresse à lui... et alors, la fin :
Bientôt la princesse et l’Ombre arrêtèrent leur mariage ; mais personne ne devait le savoir avant que la princesse fût de retour dans son royaume.
« Personne ! pas même mon ombre, » dit l’Ombre, qui avait ses raisons pour cela.
Lorsqu’ils furent arrivés dans le pays de la princesse, l’Ombre dit au savant : « Écoute, mon ami, je suis devenu heureux et puissant au dernier point, et je vais maintenant te donner une marque particulière de ma bienveillance. Tu demeureras dans mon palais, tu prendras place à côté de moi dans ma voiture royale, et tu recevras cent mille écus par an. Cependant j’y mets une condition ; c’est que tu te laisses qualifier d’ombre par tout le monde. Jamais tu ne diras que tu as été un homme, et une fois par an, lorsque je me montrerai au peuple sur le balcon éclairé par le soleil, tu te coucheras à mes pieds comme une ombre. Il est convenu que j’épouse la princesse, et la noce se fait ce soir.
— Non, c’en est trop ! s’écria le savant ; jamais je ne consentirai à cela ; je détromperai la princesse et tout le pays. Je veux dire toute la vérité : je suis un homme, et toi, tu n’es qu’une ombre habillée.
— Personne ne te croira : sois raisonnable, ou j’appelle la garde.
— Je vais de ce pas trouver la princesse.
— Mais moi j’arriverai le premier, et je te ferai jeter en prison. »
Puis l’Ombre appela la garde, qui obéissait déjà au fiancé de la princesse, et le savant fut emmené.
« Tu trembles ! dit la princesse en revoyant l’Ombre ; qu’y a-t-il donc ? Prends garde de tomber malade le jour de ta noce.
— Je viens d’essuyer une scène cruelle ; mon ombre est devenue folle. Figure-toi qu’elle s’est mis en tête qu’elle est l’homme, et que moi, je suis l’ombre.
— C’est terrible ! j’espère qu’on l’a enfermée ?
— Sans doute ; je crains qu’elle ne se remette jamais.
— Pauvre ombre ! dit la princesse ; elle est bien malheureuse. Ce serait peut-être un bienfait que de lui ôter le peu de vie qui lui reste. Oui, en y songeant bien, je crois nécessaire d’en finir avec elle secrètement.
— C’est une affreuse extrémité, répondit l’Ombre en ayant l’air de soupirer ; je perds un fidèle serviteur.
— Quel noble caractère ! » pensa la princesse.
Le soir, toute la ville fut illuminée, on tira le canon ; partout retentissaient la musique et les chants. La princesse et l’Ombre se montrèrent sur le balcon, et le peuple, enivré de joie, cria trois fois hourra !
Le savant ne vit rien, n’entendit rien, car on l’avait tué.
Traumatisée à vie, le retour. ^^
(Ceci dit, en tant que fan d'Andersen, je me dois de mentionner qu'il écrit aussi des contes qui finissent bien et/ou qui sont vraiment hilarants)
Donc, le héros est un savant du nord qui vit dans les pays chauds. De sa fenêtre d'en face vient une merveilleuse musique. Il ne peut pas y aller, mais son ombre y est projeter, et un jour elle y reste. Il s'inquiète un temps, mais la sienne repousse.
Son ombre revient ensuite sous la forme d'une personne - dans la fenêtre d'en face, il y avait la Poésie, qui lui a donné consistance. Il n'a juste pas d'ombre à lui. L'ombre peut s'infiltrer chez les gens, connaître leurs secrets les plus sombres et les révéler, il est devenu celèbre et respecté pour ça. Le savant, lui, qui écrit sur la bonté théorique des humains, n'a pas de succès du tout.
L'ombre lui propose de l'accompagner dans un voyage en se faisant passer pour son ombre à lui. Le savant accepte, et l'ombre a encore plus de succès d'avoir une "ombre" aussi intelligente. Même une princesse s'intéresse à lui... et alors, la fin :
Bientôt la princesse et l’Ombre arrêtèrent leur mariage ; mais personne ne devait le savoir avant que la princesse fût de retour dans son royaume.
« Personne ! pas même mon ombre, » dit l’Ombre, qui avait ses raisons pour cela.
Lorsqu’ils furent arrivés dans le pays de la princesse, l’Ombre dit au savant : « Écoute, mon ami, je suis devenu heureux et puissant au dernier point, et je vais maintenant te donner une marque particulière de ma bienveillance. Tu demeureras dans mon palais, tu prendras place à côté de moi dans ma voiture royale, et tu recevras cent mille écus par an. Cependant j’y mets une condition ; c’est que tu te laisses qualifier d’ombre par tout le monde. Jamais tu ne diras que tu as été un homme, et une fois par an, lorsque je me montrerai au peuple sur le balcon éclairé par le soleil, tu te coucheras à mes pieds comme une ombre. Il est convenu que j’épouse la princesse, et la noce se fait ce soir.
— Non, c’en est trop ! s’écria le savant ; jamais je ne consentirai à cela ; je détromperai la princesse et tout le pays. Je veux dire toute la vérité : je suis un homme, et toi, tu n’es qu’une ombre habillée.
— Personne ne te croira : sois raisonnable, ou j’appelle la garde.
— Je vais de ce pas trouver la princesse.
— Mais moi j’arriverai le premier, et je te ferai jeter en prison. »
Puis l’Ombre appela la garde, qui obéissait déjà au fiancé de la princesse, et le savant fut emmené.
« Tu trembles ! dit la princesse en revoyant l’Ombre ; qu’y a-t-il donc ? Prends garde de tomber malade le jour de ta noce.
— Je viens d’essuyer une scène cruelle ; mon ombre est devenue folle. Figure-toi qu’elle s’est mis en tête qu’elle est l’homme, et que moi, je suis l’ombre.
— C’est terrible ! j’espère qu’on l’a enfermée ?
— Sans doute ; je crains qu’elle ne se remette jamais.
— Pauvre ombre ! dit la princesse ; elle est bien malheureuse. Ce serait peut-être un bienfait que de lui ôter le peu de vie qui lui reste. Oui, en y songeant bien, je crois nécessaire d’en finir avec elle secrètement.
— C’est une affreuse extrémité, répondit l’Ombre en ayant l’air de soupirer ; je perds un fidèle serviteur.
— Quel noble caractère ! » pensa la princesse.
Le soir, toute la ville fut illuminée, on tira le canon ; partout retentissaient la musique et les chants. La princesse et l’Ombre se montrèrent sur le balcon, et le peuple, enivré de joie, cria trois fois hourra !
Le savant ne vit rien, n’entendit rien, car on l’avait tué.
Traumatisée à vie, le retour. ^^
(Ceci dit, en tant que fan d'Andersen, je me dois de mentionner qu'il écrit aussi des contes qui finissent bien et/ou qui sont vraiment hilarants)
no subject
Date: 2011-06-05 10:57 am (UTC)no subject
Date: 2011-06-05 11:04 am (UTC)Je devrais peut-être continuer la série et faire les autres contes qui m'ont plus ou moins choquée...
Il y a le conte des Mille et Une Nuits dont je n'avais lu qu'un extrait avec un personnage qui est maudit et qui a été à moitié transformé en pierre - la description est très organique et ça a l'air super-douloureux.
Il y a La fleur de fougère, dans lequel le personnage principal réussit à trouver un artefact qui lui accorde tout ce qu'il veut. Absolument tout. A condition que ce soit un souhait purement égoïste et qu'il n'en partage les fruits avec personne d'autre.
J'ai lu pas mal d'histoires avec des artefacts aux pouvoirs fourbes et corrupteurs, mais celui-ci réussit à être dans le top 5 juste avec ses pouvoirs, justement, sans exercer aucune influence psychique. Et c'est un conte lu dans un livre pour enfants. ^^
no subject
Date: 2011-06-05 11:17 am (UTC)no subject
Date: 2011-06-05 11:20 am (UTC)Ceci dit, je pense qu'il a été écrit avant qu'on sache le mode de reproduction détaillé, quand la constatation que ça n'avait pas de fleurs était purement empirique. ^^
no subject
Date: 2011-06-05 11:28 am (UTC)* Ceci dit, assez récemment, on a découvert une grenouille pseudo-velue.
Et capable de briser les os de ses pattes et de leur faire traverser sa peau pour s'en servir comme de griffes.Y'a des fois où Science Marches On de manière terrifiante !no subject
Date: 2011-06-05 11:35 am (UTC)Quand tu apprends des choses comme ça, ça mériterait vraiment des posts sur ton LJ. Moi en tout cas j'adorerais çano subject
Date: 2011-06-05 04:36 pm (UTC)(Celui du prince à demi-transformé est en outre hyper slash. xD )
[edit] Ah, je rectifie, c'en est un autre que je connais avec la fleur de fougère, et il est bien plus joyeux. Je me disais aussi.
La version que je connais implique une gamine gitane...
no subject
Date: 2011-06-05 06:27 pm (UTC)Oh, tu as un lien, un livre à prêter ou au moins un numéro pour celui des Mille et Une Nuits ? Je suis sûre qu'il m'aurait beaucoup moins traumatisée si je l'avais lu en entier, et qu'il y avait eu transformation inverse.
no subject
Date: 2011-06-05 11:02 am (UTC)Je trouve ça révoltant mais en même temps, maintenant que la lecture est finie et que je peux prendre un peu de recul, l'histoire est quand même bien intéressant au niveau du symbolisme et tout.
no subject
Date: 2011-06-05 11:06 am (UTC)Ouaip, je suis d'accord pour le symbolisme, mais je l'ai lu petite, et à l'époque, c'était une maigre consolation, voire totalement invisible. ^^
no subject
Date: 2011-06-05 12:59 pm (UTC)Sinon en ce qui me concerne je ne me souvenais plus de celui-ci... En tout cas c'est vrai que dans la vraie vie ce sont souvent les types "ombre" qui gagnent...
Je crois que ce qui m'a le plus traumatisée dans Andersen, en plus de la petite Sirène qui se coupe sa queue de poisson et se suicide, c'est la princesse qui doit ramasser et tisser des orties pour sauver ses frères et la bergère obligée d'épouser les gros vieux affreux et qui en même temps n'a pas le courage de partir...
no subject
Date: 2011-06-05 06:32 pm (UTC)Oui, mais celui-là finit bien, quand même !
C'est lequel, la bergère avec les vieux affreux ?
Moi celui qui m'a bien traumatisée aussi, c'est celui de la fille dont le mec est parti loin de l'autre côté de la mer, et elle se lance dans des pratiques de sorcellerie pour le faire revenir, sauf que ce n'était pas qu'il ne voulait pas, c'est qu'il n'en avait pas les moyens, et maintenant, il est forcé magiquement, bien au-delà de ses limites physiques et morales...
Le Garçon qui criait au loup, oui, je connais, mais, je ne sais pas, je dois être blasée, mais entre ça et le petit Chaperon Rouge, je trouve que se faire manger n'est pas le pire sort possible...
La petite poule rouge, il y a plusieurs contes qui portent ce nom. C'est celui où elle se fait voler les fruits de son champ par le renard, celui où elle se fait manger avec plein d'autres animaux, ou autre chose ?
no subject
Date: 2011-06-05 06:45 pm (UTC)Le garçon qui criait au loup, j'avais la version illustrée de Tony Ross, où le loup qui est en smoking et a une tête de forme crocodilienne... On le voit sucer les os des gens qu'il mange O_O
Offert par ma grand-mère, j'ai retenu la leçon ceci-dit O_O
Dans un conte j'avais tendance à être plus effrayée par le sadisme ou certaines images que par la mort...
La poule rousse (en fait j'adorais ce livre quand j'étais petite, mais la fin est quand même hardcore)
no subject
Date: 2011-06-05 06:49 pm (UTC)Ah, tiens, moi je la trouve assez standard, comme fin de conte, La poule rousse. Je veux dire, les méchants punis de façon gore, ça arrive souvent, non ?
no subject
Date: 2011-06-05 07:10 pm (UTC)C'est vrai mais la formulation je la trouve bien beurk.
no subject
Date: 2011-06-05 07:17 pm (UTC)Oh, et Le sapin, elle n'était pas horrible ?
no subject
Date: 2011-06-05 07:28 pm (UTC)Je me rappelle plus du "Sapin"... Faudrait que je les relise tous...
no subject
Date: 2011-06-05 01:24 pm (UTC)no subject
Date: 2011-06-05 06:33 pm (UTC)no subject
Date: 2011-06-05 06:35 pm (UTC)*explosée de rire*
no subject
Date: 2011-06-05 04:40 pm (UTC)no subject
Date: 2011-06-05 06:41 pm (UTC)no subject
Date: 2011-06-05 08:47 pm (UTC)no subject
Date: 2011-06-05 08:52 pm (UTC)