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Titre : Le son d'un amour brisé
Auteur : Nelja
Fandom : Given
Persos : Ugetsu/Akihiko
Genre : Romance, angst
Résumé : Ugetsu sait que sa relation avec Akihiko ne marche pas, et il comprend presque pourquoi.
Rating : R
Disclaimer : Tout appartient à Kizu Natsuki
Nombre de mots : ~2300
Avertissements : Relation malsaine, une brève mention d'homophobie, contenu sexuel entre lycéens.
Notes : Ecrit d'après un prompt de SaiLin : Leurs années lycée : leur rencontre, l'évolution de leur relation, leur ressenti respectif concernant leur situation : ils s’aiment, mais sont en même temps néfastes l’un pour l’autre, se faisant mutuellement souffrir.



Ugetsu n'aime pas aller au cinéma, pour des raisons qu'il ne peut partager sans passer pour un affreux élitiste. Les bandes-sons sont absolument insupportables. La musique est fade, et même quand un réalisateur essaie de l'éviter en faisant jouer un morceau classique, il est rarement approprié à la scène.

Quand Ugetsu entend pour la première fois Akihiko jouer, c'est une musique de Brahms, aux accents de perte et de nostalgie trop intenses pour quelqu'un de leur âge, et ce n'est absolument pas approprié pour une première rencontre, pour le frisson dans son coeur qui lui dit que quelque chose est en train de commencer.

Ou peut-être que c'était un signe, que c'était le morceau parfait.

***

"Te rappelles-tu quelle musique je jouais la première fois qu'on s'est rencontrés ?" demandera Ugetsu plus tard.

La main d'Akihiko se crispe sur son bras. "Non."

Ugetsu se sent vexé. Mais à ce moment, il n'est pas encore au point où il veut qu'ils se disputent à ce sujet. "Pourquoi ?"

Akihiko éclate d'un rire nerveux. "Parce que quand tu joues, la musique est la tienne avant d'être de son auteur. Je ne retiens que toi."

Ugetsu l'embrasse pour cela, même s'il ne comprend pas vraiment.

***

L'image d'Akihiko se trouble et se reforme devant les yeux d'Ugetsu pendant ces premiers jours, devant son cœur, en multiples miroirs.

Il pourrait être mon rival, pense-t-il, celui qui me pousserait à me surpasser.

Il pourrait être mon ami, celui qui me comprendrait. Cela existe-t-il vraiment ? Je ne me comprends pas toujours moi-même.

Est-ce que je pourrais le comprendre, lui, se demande-t-il, un rêve fluctuant alors qu'ils parlent, dans une salle d'étude, un mur de verre entre eux deux.

Il ne voit rien, au début, dans les mains tremblantes d'Akihiko, dans ses sourires parfois amers, parfois pleins d'espoir. Il ne sait pas tout cela. C'est quand la nuit tombe après une grande discussion sur les meilleurs concertos qu'ils se mettent à jouer ensemble, une improvisation où ils se répondent l'un à l'autre. Et alors seulement il peut comprendre la façon dont la musique d'Akihiko s'attache à la sienne, dont elle caresse ses propres notes.

Ce n'est pas tout à fait une surprise, pas non plus un soulagement. Juste un encouragement à aller plus vite, plus loin, à ne jamais s'arrêter dans ce qu'il veut d'Akihiko. Et Ugetsu veut tout à la fois, il veut tout, tout, tout.

Il pense à me faire attendre, il pense qu'il ne se lassera jamais d'être regardé ainsi, maintenant qu'il peut comprendre. Et puis, Akihiko essaie de l'embrasser, et il n'est pas capable de refuser cela non plus.

***

"Je n'avais jamais été amoureux avant," dit Ugetsu.

Cela ne lui semble pas quelque chose d'incroyable. Juste une pensée qui vibre doucement dans la fraîcheur de cette soirée de printemps.

Pourtant Akihiko le regarde comme un miracle, et Ugetsu sent ses joues s'échauffer.

"Moi non plus." dit-il, des harmonies tremblantes dans les accents de sa voix. Ugetsu le croit. Comment ne le croirait-il pas ?

"Je t'aime," dit Akihiko en fermant les yeux. Ugetsu réalise seulement que c'est aussi la première fois qu'il le lui a dit.

***

Ugetsu s'était habitué à mettre tous ses sentiments dans la musique. Il n'avait pas besoin d'autre chose. Il ne déteste pas ses parents, mais ce n'est pas intense, cela ne perce pas le cœur, c'est juste une douceur qui lui sert de point d'appui pour le reste.

Il ne sait pas encore ce qu'est sa relation avec Akihito, mais cela n'aura jamais rien de doux.

Quand ils s'embrassent, c'est comme s'ils goûtaient les sentiments l'un de l'autre, enivrants, un besoin aigu, tendu et vibrant comme une note de violon.

Je pourrais mourir maintenant, tout est parfait, pense Ugetsu. Cela fait longtemps qu'il n'a pas ressenti cela. Cela fait longtemps que même les plus belles musiques ne l'ont fait vouloir que jouer plus lui-même.

Ils vont trop vite, pense Ugetsu. Il ne prend pas le temps pour chaque saveur, trop avide d'avoir la suivante. Il ne peut pas se retenir, même s'il est terrifié à l'idée qu'il y ait une fin, qu'un jour il n'aura plus rien à désirer d'Akihito.

Il n'a pas de honte. Il a fini de la boire. Les artistes ne contribuent pas à la société, lui a-t-on dit, ce sont des égoïstes. On dit la même chose de ceux qui aiment les garçons. Cela le fait rire maintenant. Oui, il sera un égoïste, et un pervers, qu'on l'appelle comme ça !

Même s'il avait aimé les filles, il aurait été un pervers. Il aurait aimé la musique plus que ses propres enfants. Peut-être que ce qu'on dit sur les artistes est un peu vrai. Mais c'est seulement pour lui. Pas pour tous. Certainement pas pour Akihiko.

Akihiko veut construire quelque chose avec lui. Il veut y travailler. Alors qu'Ugetsu se laisse aller égoïstement, ne donne son amour que parce qu'il reçoit plus encore. Une nouvelle façon de voir le soleil levant, un bonheur qui fait pleurer, un très bref instant de jalousie vite dissipé, mais dont le souvenir est un cristal.

Et Ugetsu ne garde même pas cela pour lui. Il le verse dans le violon, à nouveau. Il n'est qu'un intermédiaire pour ses sentiments beaux comme des flammes, et il aime la façon dont ils le font brûler.

***

"Qu'est-ce que tu feras après le lycée ?" demande un jour Akihiko.

"La même chose que maintenant," répond Ugetsu, "mais mieux. Je serai professionnel, la musique fait partie de moi." Puis il ajoute. "Toi aussi."

Akihiko a un sourire dissonant, sans joie. "Alors je ne te rattraperai jamais."

Ugetsu espère que c'est faux, il espère que c'est vrai, il est heureux de ne pas savoir et que l'avenir soit grand ouvert devant eux. "Peut-être."

"Je pensais à composer," dit Akihiko. "Si tu..." il ne finit pas sa phrase. Si tu me laisses le faire ? Si tu le fais aussi ? Si tu ne commences pas, pour que j'aie quelque chose que je sache faire mieux que moi ?

L'avenir est grand ouvert, mais en cet instant il l'est trop pour Ugetsu, qui panique.

"Promets-moi que tu n'arrêteras jamais de jouer du violon." dit-il. Il veut l'entendre toujours et partout, cette musique qui se presse contre la sienne.

Et Akihiko promet, parce qu'ils s'aiment, et qu'il ferait n'importe quoi pour lui.

***

Ugetsu ne saurait dire le moment où il a l'impression qu'il connaît trop bien le bonheur de leur relation.

Ce n'est pas vraiment ennuyeux. Par moments, c'est très doux, mais par moments, il se sent prisonnier. Il ne peut pas vivre sans désirer, sans avoir envie d'être ailleurs.

Il ne peut pas jouer sans avoir envie d'être ailleurs, mais c'est la même chose.

Il s'emporte contre Akihiko sans raison, juste parce qu'ensuite il a désespérément envie qu'ils se réconcilient, juste parce que cela lui fait vouloir quelque chose.

Il a l'impression de tenir entre ses mains quelque chose de très précieux, et de le jeter à terre, juste pour entendre le son que cela fait en se brisant.

A cet instant, il désire désespérément réparer ce qu'il a fait (il ne peut pas vivre sans désirer), et Akihiko, qui est trop doux, le laisse faire.

Ugetsu essaie, à chaque fois, de remettre ses émotions en équilibre, de vivre de son bonheur seulement. Ce serait un rêve pour n'importe qui, alors pourquoi pas pour lui ? Pourquoi a-t-il l'impression de se consumer lentement, dès que tous ses sentiments ne vont pas dans son art ?

Il a rassemblé dans ses mains les fragments de l'amour d'Akihiko, qui est plus intense que celui de n'importe qui. Il n'a pas à les laisser tomber encore. Il peut se retenir.

Il essaie encore même quand il arrête d'y croire.

***

"Reste," demande Akihiko. Il agrippe le poignet d'Ugetsu. Les doigts qui jouent sur sa peau échauffent le sang d’Ugetsu, et déjà il a envie de se laisser faire.

C'est pour ça qu'il s'énerve. Il y a longtemps, il se serait retenu.

"Je dois m'entraîner," répond-il. Et puis, ses yeux fixés dans ceux d'Akihiko, mais le regardant d'en haut. "Si tu veux être mon rival, tu dois monter à mon niveau, pas me faire descendre au tien."

Il ne pensait pas que c'était si cruel. Il pensait que c'était presque des mots d'encouragement. Mais il voit Akihiko se tendre trop fort.

"Tu as raison," dit-il d'une voix amère. "Je n'ai que ça, que toi, m'entraîner pour arriver à ta mesure." Akihiko peut être plus triste que n'importe qui. Plus heureux aussi, mais pas maintenant.

Akihiko est l'inspiration d'Ugetsu aussi, sa muse du violon, mais pas toujours, seulement maintenant, quand leur relation tremble à se briser.

***

Akihiko a toujours eu du talent pour faire naître et s'épanouir le plaisir sur la peau d'Ugetsu, puis entrer plus profondément, jusqu'à ses entrailles. C'est un peu triste que ce soient les moments où Ugetsu se rappelle le mieux de leurs premiers mois.

Ugetsu n'a pas appris cela, à jouer avec le désir comme avec les cordes de son violon. Il compte sur son visage, sur l'intensité de leurs sentiments. Il s'offre à Akihiko entièrement, ne lui refuse rien, mais il ne veut pas faire passer leur rivalité sur ce plan trop vulgaire.

Non, ce n'est pas le bon mot. Ugetsu ne pense pas que le sexe soit spécialement vulgaire. C'est une expérience magnifique, qui peut parfois le faire pleurer. C'est juste que ce n'est pas la musique, alors cela ne compte pas.

Ce n'est pas sur ce plan qu'il veut jouer contre lui.

Et il ne veut pas non plus de ces moments où il n'ose pas demander si Akihiko s'est entraîné avec quelqu'un d'autre, juste pour lui.

***

"J'ai toujours été jaloux de toi," soupire Akihiko quand Ugetsu résiste à la tentation de rester pour la nuit une fois de plus, "mais maintenant je suis jaloux de ton violon aussi."

Et sa tristesse frappe Ugetsu comme une vague. Il ne peut que murmurer "Pourquoi tu ne me l'avais jamais dit ?"

Akihiko éclate d'un rire amer "Je te l'ai dit de nombreuses fois."

Pas à quel point cela faisait mal, pense Ugetsu. Il n'a jamais l'impression de lui avoir reproché cela, de ne pas être à son niveau. Même si c'est vrai, la musique d'Akihiko est unique pour lui.

Il n'y a jamais réfléchi en profondeur.

S'ils avaient eu cette conversation il y a longtemps, avant que les instincts d'Ugetsu le poussent à tout briser...

"C'est ce que tu aimes chez moi ? Ce qui te manque ? C'est la seule raison pour laquelle je te plais ?"

Akihiko rit encore. Non seulement il est devenu cynique sur les sentiments d'Ugetsu, mais aussi sur les siens, et c'est terrifiant que cela puisse arriver. Si on ne peut pas croire en son amour, on ne peut croire en personne.

"Peut-être. Je ne peux pas imaginer un monde où tu n'es pas meilleur que moi."

Ugetsu a aimé l'imaginer, et il se sent volé de quelque chose.

"Est-ce que tu m'aimes vraiment ?" demande-t-il. "Ou est-ce que tu veux être moi ? Ou est-ce que tu veux que ma musique t'appartienne ? Je ne serai pas à toi."

"Je sais cela." répond Akihiko.

C'est le jour où Ugetsu réalise qu'il a perdu tout contrôle sur leurs disputes. Elles sont encore belles à le faire pleurer, et maintenant, elles lui arrachent la gorge comme un tigre échappé de sa cage.

***

C'est la fin, et ce n'est pas la fin.

Ils ne sont plus ensemble. Cela devrait arrêter quelque chose. Les rendre un peu plus libres, un peu plus résignés.

Ugetsu a l'impression que c'est juste triste.

Il s'accroche, pourtant, à cette tristesse morbide qu'il a composée pour lui-même. C'est encore quelque chose qu'il peut tenir entre ses mains.

Akihiko commence la batterie à ce moment. Ugetsu a l'impression d'être chacune des percussions sur lesquelles il frappe. Il ne regrette pas la violence, qu'il mérite. Il regrette que le son soit si brutal.

Il mérite probablement cela aussi.

***

Ugetsu ne peut pas croire en sa propre bonté. Il y avait probablement une part de cruauté, une part de masochisme. Mais il n'a pas pensé à cela sur le moment, pas du tout, quand il a appris qu'Akihiko n'avait nulle part où aller.

"Viens chez moi."

Akihiko le regarde comme si c'était un piège. C'est difficile de le blâmer, pourtant Ugetsu se sent offensé.

"Mes parents ne sont jamais là," dit-il, offrant à Akihiko l'égoïsme qu'il attend. "Ce n'est pas bon d'être tout seul."

"Prends un chat," grogne Akihiko.

Mais ils ont envie de se toucher, à ce moment. Il n'est pas possible qu'une telle attraction n'agisse que dans un sens. Cela n'a jamais été possible.

"Je t'ai déjà brisé le cœur," dit Ugetsu, "rien ne peut arriver de pire."

Ce n'est pas vraiment un mensonge, quand il ne sait pas, à l'époque.

***

Vivre ensemble leur va bien, et cela ne fait que retourner le couteau dans la plaie.

Ils pourraient vivre tellement heureux ensemble si leurs sentiments s'étaient éteints, à plaisanter et jouer ensemble et s'abandonner dans des plaisirs vertigineux.

Ils pourraient vivre presque heureux si leurs sentiments brûlaient encore comme les premiers jours.

Non, ce n'est pas vrai, la jalousie d'Akihiko ne s'était pas éteinte même à ce moment, et Ugetsu n'est pas capable d'aimer suffisamment pour oublier tout le reste.

Ce sont les choses simples, un repas laissé sur la table avec un petit mot, une main glissée dans les cheveux, qui font regretter. Qui donnent envie d'imaginer un pays où ils sont encore tout l'un pour l'autre.

Dans leur sous-sol isolé de toutes les façons, il n'y a que la musique, et la lumière de la vérité les blesse.

Il est rassurant et terrifiant de se dire que c'est de sous la terre que sortent un jour les fleurs.

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