flo_nelja: (Psylocke)
[personal profile] flo_nelja
Et la suite, avec des super-héros, comme il se doit !


Titre : Le passé a appelé, il veut ravoir son porn
Fandom et personnages : Marvel Comics, Cable/Deadpool, pour [livejournal.com profile] marryblack
Rating et avertissement : NC-17, vagues spoilers pour le début de Cable & X-Force et pour l'arc de Deadpool de Posehn


Quand on fuyait les autorités, le son du téléphone de la chambre d'hôtel avait des accents sinistres. Cable se demanda un instant s'il allait décrocher. Cela pouvait être un piège. Mais ignorer une potentielle information sur qui l'avait localisé jusqu'ici serait sans doute encore plus dangereux.

Il décrocha, sans pour autant répondre, attendant que son interlocuteur se manifeste.

"Nate ! C'est toi ? Ca faisait longtemps ? J'ai cru que tu étais mort ! Deux fois !"

Après toutes ces années - peut-être seulement deux ici, mais bien plus dans sa propre timeline -, la voix était encore familière, et plaisante à sa façon. Cable resta interdit. "Wade ?"

"Et c'est gagné pour la question à zéro dollars ! J'aurais fait plus, mais je suis un peu fauché, ces temps-ci."

"Comment savais-tu que j'étais ici ?"

"Ha, je t'ai stalké en lisant tes comics, bien sûr." Cable préférait ne pas poser de questions quand ce sujet est abordé. "Et toi ? Tu n'as pas pensé à passer me voir ? Je n'ai pourtant même pas été mort ; enfin, pas sérieusement ni longtemps."

Une partie de Cable voulait rire, un autre se rappela Deadpool, dans le futur, qui les avait trahis, puis qui s'était fait déchirer en deux pour les protéger. Wade continuait comme si de rien n'était. "J'ai vu que Hope était devenue bien grande. Comme le temps passe. Pour vous, en tout cas. Pas que je veuille insinuer quoi que ce soit. Tu n'as pas l'air d'avoir vieilli d'un jour. Toujours aussi bien foutu."

"Je te crois sur parole." Wade lui avait toujours donné envie de rire, pas pour se moquer, mais pour quelque chose de plus léger, comme s'il l'entraînait vers un sarcasme qu'il n'aurait pas abordé tout seul.

D'accord, parfois pour se moquer. Mais c'était entièrement mutuel.

"Mais ne pense pas que je ne me suis jamais remis de notre liaison ! J'ai totalement quelque chose avec Spider-man maintenant."

"L'heureux homme."

"En fait il est malheureux. Mais ce n'est pas sa faute. Il est obligé par contrat." Cette fois, Cable dut se mordiller l'intérieur de la lèvre pour retenir un ricanement léger. "Oui, c'est Cable, mon ex-co-star. L'agent Preston te dit bonjour."

"L'agent ?" Il ne fallut qu'un instant à Cable pour regretter de s'être laissé aller. Deadpool était toujours un mercenaire. On ne pouvait avoir confiance en lui. "Tu es allié à S.H.I.E.L.D. ?"

"Non, à moins que par alliés, tu veuilles dire qu'ils me détestent. L'agent Preston ne s'occupe pas de ton cas ! Promis ! Elle ne leur dira rien. De toute façon, elle est en congé... maladie, on peut le dire comme ça. Elle squatte juste dans ma tête en attendant de trouver un meilleur appartement."

Cable se sentit soulagé - il ne pouvait pas vraiment douter d'une excuse aussi mal conçue - mais aussi quelque peu affligé. "Je ne suis pas certain de vouloir entendre cette histoire en entier."

"Ca tombe bien, je n'ai pas le temps de la raconter. Bien, maintenant que nous avons fini le récapitulatif des chapitres précédents, que penserais-tu d'un peu de sexe au téléphone ?"

Cable resta interloqué. "Pardon ?"

Ce n'était même pas une proposition si surprenante, de la part de Wade. Il avait juste perdu l'habitude.

"Tu sais, le truc où je décris dans les détails comment je couinerais si tu me touchais et me faisais toutes sortes de choses inavouables avant de me sauter sur la table..."

"Wade."

"Ou ailleurs que sur la table, on peut en discuter. Et pendant ce temps on se branle, mais j'espère que tu sais pour cette partie-là ? Tu veux commencer subtilement ou je mets ma main entre tes cuisses tout de suite ? Voyons, tu es habillé comment ? Peut-être en latex moulant ? Le latex moulant est fantastique, cela va bien avec les érections. Mais il y a aussi quelque chose à dire pour les uniformes bien renforcés à ce niveau, c'est plus pratique et cela entretient l'imagination..."

Cable dut se forcer pour garder sa voix entièrement neutre. "En uniforme de bataille, pour ainsi dire en armure. Cela calme tes ardeurs ?"

"Aucune chance. Et comme ça, je sais que ce n'est pas confortable et que tu comptais l'enlever. Personnellement, j'ai mon costume professionnel aussi, mais avec ce très mignon petit tablier de servante par-dessus. Mais comme je commence à avoir chaud, je vais sans doute en enlever dans pas longtemps." Wade eut alors un gémissement vaguement pornographique, qu'il interrompit en plein milieu. "Tu bandes ?"

Le plus contrariant était qu'effectivement, Cable n'était pas aussi immunisé à la vulgarité enthousiaste de Wade qu'il pensait. Combien frustré devait-il être ?

"L'agent Preston pourrait ne pas apprécier d'être témoin, n'est-ce pas ?" demande-t-il, éludant la question.

"Attends, elle vit dans mon cerveau, elle a vu bien pire !" Une pause. "Elle confirme." Une autre. "Elle nous trouve sexy." Une pause plus longue. "Oui oui ! J'ai peut-être paraphrasé ! Elle insiste sur le fait qu'elle a dit 'presque mignon'. Je ne trouve pas ça très dignifié, personnellement. Mais elle s'en va ! On ne dirait pas, mais j'ai plusieurs chambres ici. Et comme le fantôme de Benjamin Franklin est parti faire un tour, cela compte comme de l'intimité, malgré les problèmes de colocation."

Surtout, ne pas poser de questions à ce sujet. "Sauf si de mon côté Forge a mis la ligne sur écoute."

"Oh, je ne l'imagine pas en voyeur, c'est un X-man qui n'est pas télépathe !"

Cable se sentait à la fois exaspéré, et presque tenté. "Wade, peux-tu promettre que tu n'as pas de motifs ultérieurs ?"

"Si j'appelle d'abord pour prendre des nouvelles mais que j'insiste pour que ça dégénère, ça compte comme un motif ultérieur ? Mais je n'en ai pas après celui-là ? Comment pourrait-on être plus ultérieur que ça ? Commençons, les lecteurs sont là pour ça ! Que penserais-tu d'un décor grandiose, par exemple, la Terre Sauvage. Tu viens d'affronter quelques douzaines de velociraptors, plus ou moins, je ne suis pas regardant, et là, l'un d'entre eux t'attaque dans le dos ! Mais là, arrivant de nulle part, je me jette sur lui avec mon katana et le fends en deux ! J'ai fière allure, les lambeaux de mon uniforme à moitié déchiré flottent au vent, et comme c'est une imagination, peut-on rajouter que je suis super-canon ? Tes vêtements sont déchirés aussi, bien sûr, les vélociraptors font toujours ça, bande de pervers. Je m'approche, et, en posant ma main sur tes biceps impressionnants, je déclare : t'as de beaux yeux, tu sais..."

Deadpool parlait trop. C'était un fait connu. Aussi, il prenait bien trop longtemps à arriver à la partie intéressante. Cable aurait certainement pu abandonner le récepteur téléphonique et le laisser s'amuser tout seul ; il ne s'en serait probablement pas rendu compte avant la troisième changement de position au moins.

Mais Cable n'était pas d'humeur à se moquer de lui ; du moins, pas de cette façon.

"Et si je te proposais directement de me sucer la bite ?" proposa-t-il d'un ton innocent.

Deadpool s'étrangla au téléphone, ce qui était satisfaisant, et, vu le contexte, plutôt érotique. Il lui fallut quelques instants avant de reprendre son souffle. "Okay."

Il entreprit alors d'émettre un troublant mélange de gémissements et de bruit de succion. Cable en était plus excité qu'il l'aurait cru, sans rien imaginer pourtant. Etait-ce juste l'absence totale de protestation et de négociation ? Il posa doucement la main sur son entrejambe, à écouter le spectacle remarquable que Deadpool montait pour lui...

"C'est du sexe au téléphone, alors tu ne peux pas demander que je me taise !" s'exclama soudain Deadpool, d'un ton un peu offensé. "A moins que toi tu..."

"Quarante-trois secondes." coupa Cable. Pour ce qu'il connaissait des silences de Deadpool - pas grand chose -, c'était notable. "Et... tu as raison. Je n'ai pas beaucoup d'expérience à ce sujet."

"En tout cas, je suis en train de sucer mes doigts en imaginant que c'est ta grosse queue, et si tu ne te branles pas c'est un gâchis d'une excellente fellation, je ne dis que ça."

"Tais-toi et suce, Wade."

"Tu es en train de sourire. Arrête de..."

Deadpool avait eu raison, et Cable était en train de sourire, jusqu'à ce que Deadpool s'interrompe en plein milieu de sa phrase pour reprendre sa simulation ; ce fut lui qui s'étrangla à nouveau. Il défit sa ceinture, ouvrit sa braguette.

"Tu es bon à ce que tu fais, Wade." dit-il. Sa voix avait perdu sa nonchalance. Il aurait sans doute pu, s'il avait voulu, cesser de se caresser, mais il n'en ressentait pas l'envie actuellement.

Wade ne cessa pas de sucer, cette fois, mais il eut un gémissement plus irrégulier que les autres, comme s'il avait essayé de parler la bouche pleine. Cable tenta, au hasard, de deviner.

"Oh, oui, certainement meilleur que Wolverine, qui est le meilleur à ce qu'il fait." Une protestation plus nette, maintenant, mais toujours sans que Deadpool cesse de jouer à sucer ses doigts. "Non, je n'ai pas testé." La prochaine réponse, quoique plus articulée, fut plus forte. "Ne mords pas tes doigts, Wade. Oui, ils repoussent, mais c'est une mauvaise habitude à prendre dans ces circonstances."

Cable fut récompensé par un gémissement plus indigné que les précédents. Il accéléra ses mouvements ; oh, c'était délicieux. Mais il sentait, en même temps, une pointe de culpabilité. Le plaisir supplémentaire qu'il en retirait était-il celui de le faire taire contre son gré ? Cela n'avait rien de glorieux.

"Wade. Prends une pause et discutons un peu. Tu aimes ça ?"

"C'est une question piège ? Parce que je n'ai rien fait d'aussi sensationnel depuis... j'ai un trou de mémoire."

C'était quelque peu rassurant sur les intentions de Cable que cette réponse ne fasse rien pour diminuer son propre intérêt, bien au contraire. "Tu es en train de te toucher, Wade ?"

"Oui. Non. Peut-être un peu."

Cable sourit, visualisant la scène. Quand Wade avait-il commencé ?

"Ne t'arrête pas." ordonna-t-il. Il avait plus important à faire que de poser des questions.

"Parfois... ha... tu as de bonnes idées... Nate."

"Parfois ?" demanda Cable. Il s'interrogea un instant sur les détails éthiques de telles activités ; devait-il le dire à Wade s'il se remettait à se toucher plus fort ? Voire lui demander la permission ?

"Autant de fois que tu veux, maintenant ! Mais surtout si tu me sautes, maintenant !"

"Si c'est demandé si gentiment." répondit Cable, le souffle court. Le sarcasme ne lui allait plus tellement. "Dans quelle position."

"Contre le mur, ça te tente ?"

"Un mur ? En Terre Sauvage ?" Son détachement avait pu être de la maîtrise de soi, plus tôt. Maintenant, c'était plus une question de garder les apparences.

"Une grosse pierre, alors ! Un menhir ou un machin de ce genre, oooh, pas de risque, j'ai tué tous les dinosaures, s'il te plaiiit !"

Cable jugea inutile de mentionner les détails techniques tels pénurie de lubrifiant au pays des dinosaures. "Tu sais que tu es putain de baisable, Wade." Puis, il ajouta, taquin. "Parfois."

Wade eut un grondement quasi-animal. "Je dirais bien que tu es tout à fait présentable aussi mais j'ai plus urgent à dire prends-moi prends-moi tout de suite OK !?"

Cable se prenait à regretter que cette rencontre n'ait lieu qu'au téléphone. Avec un grondement sourd, il tenta d'imaginer la scène, le poing serré autour de sa bite, se contractant en rythme. "Si tu n'as pas eu la prévoyance d'enlever tes vêtements, je les arrache maintenant. Mon bras est autour de ta taille, mon souffle dans ton cou." Les gémissements de Deadpool étaient devenus, maintenant, infiniment satisfaisants. "Mon sexe touche tes fesses. J'y vais ?"

"Oui, oui, arrête de demander, c'est le problème du masque, euh, du téléphone, tu devrais voir ma tête, certaines choses sont évid... tu attends la fin de ma réponse, n'est-ce pas ? Oh, tu attends, tu es horrible ! Vas-y !"

"Maintenant." répondit Cable, accélérant ses mouvements.

A partir de ce moment, il ne dit plus grand chose, concentré sur le rythme de sa main, écoutant Deadpool bafouiller des remarques incongrues et des compliments qui l'étaient presque autant, mais prenant plus de plaisir dans les intonations de sa voix, toutes d'extase et d'égarement.

Enfin Cable parvint à un orgasme étonnamment massif, puis resta quelques instants haletant, sans pouvoir reprendre son souffle.

Enfin, il put articuler. "Je viens de jouir, Wade." Il était à peu près sûr qu'on n'était pas censé transmettre ce genre de message en différé.

"Oh oui oh oui ne me lache pas oh putain je jouis aussi..." répondit-il. A entendre, Cable craignit que du liquide ait malencontreusement atterri sur le téléphone. Heureusement que ce n'était pas le sien.

Il attendit que Deadpool dise quelque chose, mais il semblait, contre toute attente, s'être vidé de ses mots.

"Bonne synchronisation." dit-il pour briser un silence auquel il n'était vraiment pas habitué.

"Pas mal, oui. Haaa, c'est mon troisième, au fait."

C'était dit de façon suffisamment humble pour être vrai. Cable se sentit légèrement déçu - pas de n'avoir joui qu'une seule fois, non - "Tu ne me l'as pas dit ?"

"J'aurais dû ?"

Cable s'arma de toute sa mauvaise foi - après tout pendant un certain temps il lui avait presque littéralement cloué le bec, et pendant un autre il n'avait pas tout écouté. "Certainement."

"Je n'y manquerai pas la prochaine fois." pépia Deadpool, d'un ton de profonde satisfaction. Cable n'eut pas la moindre envie de le détromper sur l'existence de la prochaine fois en question ; il n'avait pas l'impression de pouvoir porter un jugement à ce sujet. Qu'au moins une partie du futur demeure incertaine...

"Un but ultérieur ?" demanda Cable, pour briser à nouveau le silence.

"Oh non. Je vais mettre fin à cette si agréable pause. Le loyer ne va pas se payer tout seul."

"Il faut donc que je retourne sauver le monde." répondit Cable, plaisantant à moitié. Il espéra que le loyer de Wade n'allait pas se payer à coup de meutres d'innocents, mais il n'avait sans doute plus le droit d'insister à ce sujet.

"Ha, c'est toujours la même chose, dans ta ligne de travail ! Au moins, je n'ai pas à tuer la même personne deux fois... enfin, pas souvent."

"Porte-toi bien, Wade."

"Ne laisse pas le monde être détruit et remplacé par quelque chose de beaucoup plus bizarre. Je te fais confiance, mais les choses arrivent."

"J'y veillerai." promit Cable. Ce fut lui qui raccrocha. On ne pouvait pas compter sur Deadpool pour ça.

Aussi, il ne voulait pas prendre le risque de devenir nostalgique, ou sentimental, ou peu importait le nom de ce qu'il ressentait en ce moment.



Titre : Le message (Go Fuck Yourselves)
Fandom et personnages : X-men : Days of Future Past, Xavier/Magneto (et Logan), pour [livejournal.com profile] jainas
Rating et avertissement : R, un peu de dubcon comme souvent avec ce trope, et mind control/télépathie mais cette partie est consensuelle

C'était le point positif, pensa Wolverine en glissant discrètement le message dans la boîte aux lettres du Manoir Xavier : il comptait bien fuir avant qu'il soit découvert, et les laisser se débrouiller avec ça.

Mais le Professeur et Magneto - les vrais, pas les versions jeunes et bêtes - encore qu'ils pouvaient être bêtes aussi - avaient insisté.

"Pendant que Logan sera dans le passé," avait dit Xavier, "ne serait-il pas bon qu'il nous rappelle tout le temps que nous avons perdu ?"

Magneto avait eu un mince sourire. "Malheureusement, pour nous inciter à collaborer, il lui faudra acquérir auprès de nous un minimum de crédibilité. Qu'il perdra immédiatement s'il arrive en nous suggérant de coucher ensemble."

"Il faut certainement établir des priorités. Sauver Raven d'abord, et ensuite... tu es direct. J'ignore comment je l'aurais pris à l'époque. Probablement très mal."

"Oh, moi aussi. Nous étions stupides, c'est bien le principe." Wolverine avait commencé à se sentir presque embarrassé, et pourtant, il lui fallait chercher très loin dans son histoire pour se rappeler le sentiment en question. Bien sûr, il savait comment la relation entre le Professeur et Magneto avait... progressé ces derniers temps. Mais les entendre ricaner à leurs propres insinuations était presque pire que de sentir leurs odeurs se mêler.

"Il faudra utiliser les grands moyens." avait tranché Magneto. "Dis-nous que c'est vital, pour sauver les mutants. Cela devrait marcher."

Charles Xavier avait eu un sourire que Wolverine n'avait pu qualifier que d'espiègle. C'était quelque peu traumatisant. "Oh, ce ne sera pas totalement un mensonge."

Mais les choses étant ce qu'elles étaient, il n'était même plus certain que la première partie du plan - sauver Mystique - puisse être réalisée. Aussi, il était hors de question que Wolverine leur explique la seconde. S'ils revenaient vivants de leur confrontation, une lettre serait parfaite.

Ne pas voir leur expression serait un soulagement. Non, il ne regrettait pas du tout.

***


Vérifier son courrier, pensa Charles Xavier, était une des étapes nécessaires pour remettre sa vie en ordre. C'était certainement vrai dans le cas général. Mais certains messages risquaient plutôt de vous ramener vers le doute, le désespoir, voire les situations embarrassantes.

Etait-ce vrai ? Le message précédent de l'homme nommé Logan avait certainement été à prendre au sérieux. La plaisanterie n'avait pas été son mode de communication privilégié.

Un instant, Charles pensa : surtout, Erik ne doit pas savoir cela.

Puis, dans un moment de basse malice : bien sûr que si, il doit savoir. Pourquoi serais-je le seul à douter ? Pourquoi serais-je le seul à devoir penser à cette possibilité ?

Une vérification rapide avec Cerebro lui apprit qu'Erik n'avait pas reconstruit d'équivalent à son casque, même s'il s'y préparait certainement. Il put donc lui envoyer un rapide message psychique.

"Viens à l'Institut."

"Je pensais que tu n'entrerais plus dans ma tête, Charles."

Cela avait été un message. En toute bonne foi. Auquel on pouvait dire non. Charles n'avait plus l'intention d'utiliser des ordres psychiques. Pas en dehors des questions de vie ou de mort. Mais on ne pouvait pas compter sur Erik pour lui reconnaître cela.

"He bien, viens, pour que je puisse te parler en face. Toi et moi, nous avons un problème." répondit Charles avant de couper brutalement le contact.

C'était la pure vérité. Il n'avait pas envie de détailler.

***


"Je t'attendais." dit Charles, avec un soupir de soulagement. Il n'avait pas été certain qu'Erik viendrait.

"C'était donc vrai." murmura Erik. Puis, plus théâtralement, comme il savait si bien le faire. "Je suppose que je devrais te remercier pour ne pas avoir laissé le gouvernement faire de moi un cobaye, n'est-ce pas ?"

"Tu avais purgé par avance une peine pour un crime que tu n'avais pas commis." dit Charles, poussant son fauteuil roulant en direction d'Erik. Pour des raisons évidentes, il avait préféré que Hank ne soit pas là lors de leur rencontre. Il faudrait qu'il apprenne à s'en servir avec plus d'habilité. "Ce n'était que justice. Quelle est la chose vraie qui t'étonne tant ? Que je sois dans un fauteuil ?"

Erik ne répondit pas. C'était surprenant. Il avait toujours une réplique prête, en général accusatrice, qu'elle soit sincère ou pas. Charles, curieux, effleura son esprit, cherchant les pensées surperficielles. Il ne s'attendait pas au tourbillon de violence.

J'entendais ta voix, prisonnier sous le Pentagone. On dit que le confinement solitaire rend fou et c'est sans doute vrai. J'ai supplié, ne vois-tu pas que je suis injustement emprisonné ? Tu peux lire mon esprit, Charles ! Viens me chercher, ou au moins, parle-moi, pas juste ces moqueries, pas juste ces reproches, mais bien sûr, il y a une raison pour laquelle tu ne viens pas. As-tu simplement lu dans ma tête que je n'en valais pas la peine ?

Charles ne pensait pas avoir sursauté. peut-être tressailli. En tout cas, Erik avait compris.

"Ne regarde pas si tu n'es pas préparé à ce que tu peux trouver !" dit-il d'un ton menaçant - celui d'un homme acculé, remarqua Charles, un homme craignant de perdre le contrôle de son propre esprit à tout moment. Il n'avait pas confiance en lui. Pour être honnête, c'était réciproque.

Charles toussota. Probablement pour se donner une contenance. Pour ne pas trop penser à ce qu'il venait de découvrir. C'était le moins qu'il pouvait faire.

"J'ai une lettre à te montrer, puisque tu abordes justement ce sujet."

***


Erik fixait le carré de papier avec une remarquable intensité dans le ressentiment, qu'il réservait d'habitude uniquement à l'Humanité. S'il y avait eu même un peu de plomb ou d'autre métal dans l'encre, elle se serait recroquevillée sur elle-même rien que sur l'effet de ce regard.

"Pourquoi n'y a-t-il aucun détail ?" gronda-t-il. "Les détails sont importants ! Comment cet homme a-t-il pu ne pas nous laisser la raison pour laquelle c'est si important ? Et bien sûr, perdre sa mémoire aussitôt après, comme c'est pratique pour lui ! Il pourrait avoir menti ! Pour des raisons évidentes, il ne s'agit pas de concevoir un enfant, alors pourquoi ?"

Xavier tressaillit douloureusement à la dernière image mentale évoquée. Mais il devait reconnaître que c'était une excellente question.

Une maigre consolation était qu'Erik ne suspectait que Logan d'une sourde machination. Il n'avait pas pensé à mettre en cause la bonne foi de Charles.

A quel point puis-je être hypocrite, pensa Charles, de ressentir une amère déception devant sa réticence alors que j'éprouve exactement la même ? Puis, la question qu'il ne voulait pas se poser : pourquoi suis-je déçu ?

Charles devait se l'avouer, il avait voulu cela. Autrefois, alors qu'ils étaient amis, alors qu'il pouvait marcher. Ce n'était pas une obsession. Un désir bien moins lancinant que l'affection ou la rancoeur pouvaient l'être. Seulement quelques fantasmes nonchalants. Charles s'était dit que peut-être, un jour. Mais il avait craint que leur amitié - si précieuse - n'y résiste pas. Il est certain qu'il n'y a plus grand chose à briser maintenant, pensa-t-il avec un ricanement aigre. Et pourtant... non. Il ne le voulait plus. Pas sans l'intimité, l'affection, la confiance. Il était hors de question d'éprouver des sentiments ou même du désir envers quelqu'un qui l'avait trahi et avant tenté de tuer sa petite soeur.

Et puis, s'il l'avait voulu, montrer cette lettre sans être sûr de son contenu était presque de la coercion à soi seul.

"Je ne vois pas. Cela doit être une mauvaise blague." se força-t-il à dire. Presque en même temps, Erik articula, avec une froideur qui cachait son embarras. "Nous ne savons même pas si la pénétration est nécessaire."

Charles éclata d'un rire tendu, nerveux. Erik fit de même.

"Tu y crois, donc ?" demanda Charles.

"Il a eu raison pour le reste, et il n'y a aucune raison de prendre le risque." répondit Erik, un peu moins durement.

Charles aurait pu protester - pour défendre l'idée de l'imposture qu'il venait d'avancer, à défaut d'autre chose. Mais il éprouvait, à l'idée que cette partie soit réglée, un soulagement qui le surprit. L'avis d'Erik, il semblait, était le seul point qui avait compté.

"Je suppose que pour être sûr, il faudrait être raisonnablement traditionnel." continuait d'exposer Erik. "Et aussi, apprécier cela un minimum, physiquement au moins."

"Alors," demanda Charles, "que veux-tu faire ?"

"En avoir vite fini, et toi ?"

C'était exactement ce qu'avait pensé Charles, pourtant il se sentit presque offensé. "Exactement pareil." Il ajouta. "Et pourtant, il nous faudra attendre un certain temps si je veux reprendre le serum de Hank et marcher à nouveau."

"Crois-tu que ta capacité à marcher soit vitale ?"

"Ma capacité à ressentir physiquement est assez fondamentale pour ce genre de situations, merci !"

Erik sembla confus. "Bien sûr. Je n'avais pas..."

"Pas pensé. J'ai remarqué." Charles était partagé entre l'impression que c'était à lui d'être modéré, et la colère, l'impression qu'il l'avait toujours été, qu'il est temps de changer. "Ne te sentirais-tu pas plus en sécurité si je ne pouvais pas entrer dans ta tête ? Avec ce casque, c'était à s'y tromper."

"Est-ce que je n'avais pas raison d'avoir peur de toi ?" explosa Erik. "Cela ne voulait pas dire que je voulais te voir sans tes pouvoirs. C'est une mutilation, ne comprends-tu pas ? Une bien pire que tes jambes !"

Charles regarda Erik droit dans les yeux. Il lui avait promis qu'il ne s'introduirait plus dans son esprit, mais après ce qui s'était passé, cette promesse ne comptait plus vraiment, ni même le dégoût qui l'avait suscitée. "Sais-tu bien ce qui pourrait t'arriver si tu me laisses entrer ? Si tu me laisses prendre mon plaisir dans ta tête plutôt que dans mon corps ?"

Erik avala sa salive, et Charles ressentit devant sa crainte un mélange de triomphe et de regret. A une époque, ils avaient confiance l'un dans l'autre. A une époque, cela n'aurait pas été une épreuve ; ils n'auraient pas été malheureux au point qu'être dans la tête l'un de l'autre ne puisse qu'aviver leur ressentiment et les rendre encore plus misérables.

"Mystique m'a donné à toi, après tout." conclut Erik, les dents serrées.

"Raven." corrigea Charles.

Erik eut un rire nerveux. "Est-ce ta seule objection ?"

"Je ne voulais pas dire..." Charles posa son doigt contre sa tempe. "Puis-je ?"

"Oui !"

Cela avait été si simple de connaître Erik quand Charles ne se sentait pas jugé par ses pensées.

Je t'admirais et même quand nous étions en désaccord je pensais être celui qui sacrifiait mes idéaux pour agir, comment as-tu pu faire cela, comment as-tu pu laisser tomber les mutants, comment as-tu pu ne pas être à la hauteur de mes sentiments ?

Et maintenant, est-ce que je peux encore avouer avoir voulu cela et le vouloir encore ? Et de cette façon ? Après tout, cela n'aurait jamais pu arriver autrement. Mais cette façon est humiliante. Et je ne sais même pas pourquoi.

Il est dans ma tête. Il peut faire de moi ce qu'il veut. Mais il m'a laissé partir la dernière fois, ce n'est pas cette fois qu'il va me détruire ? Si l'idée de ce qu'il peut faire était moins excitante... comment pourrais-je encore être attiré par quelqu'un qui n'a pas de pouvoirs mutants ?


Une image mentale imprévue - celle de Raven - commença à se former, et Charles coupa brutalement la communication.

Cette idée si simple - que les sentiments d'Erik étaient aussi complexes, aussi contradictoires, que ceux que Charles éprouvait pour lui - ne lui était jamais venue.

"Je n'arrive pas à croire que tu as couché avec ma soeur." dit-il pour ne pas dire le reste.

"Je croyais que c'était clair." répondit Erik, d'un ton plaisant.

"Oui mais..." Charles décida de ne pas insister. "Je ne suis pas certain que ce soit la seule façon dont cela aurait pu arriver. Nous, je veux dire. En fait, j'avais eu l'espoir que cela aurait pu arriver sans que quelque chose nous force, parce que..." Il ne pouvait pas dire tout ce qu'il pensait. "J'ai pu communiquer, d'une certaine façon, avec le Charles Xavier du futur. Il t'aimait beaucoup, sais-tu ?"

Charles n'avait pas l'intention de le blesser, même s'il en ressentait parfois l'envie. Il ne souhaitait pas détailler à quel point ses sentiments à lui étaient complexes. Il espérait qu'Erik puisse devenir moins cruel en étant moins malheureux - quel espoir peut-on avoir qui ne soit pas en l'humanité ? Mais il savait bien qu'il utilisait ce qu'Erik avait été, ce qu'il pouvait être, comme une excuse, pour justifier l'attirance intellectuelle et émotionnelle qu'il éprouvait pour lui, encore maintenant. Pour lui pardonner sans vraiment le faire.

"Allons-y. Maintenant." Même si Charles n'avait pas pu lire ses pensées, Erik n'aurait pu dissimuler une émotion violente.

L'esprit de Charles se mit à bouillonner d'inquiétude, et de quelque chose que son esprit reconnaissait comme du désir, même si son corps ne sentait rien de tel.

"Tu sais que je ne peux pas..." Charles hésita, estima que sa phrase était suffisamment claire sans la finir. "Pas normalement. Si c'est toi qui me prends, je ne sentirai rien, je ne peux pas non plus dire si cela devrait te faire mal. As-tu... une expérience de ce genre de choses ?"

"Non. Kennedy avait des pouvoirs de super-charisme, mais c'est Emma qui l'intéressait. Il a presque réussi." Charles eut un petit rire, et Erik le considéra d'un sourcil réprobateur. "Ne t'amuse pas de ceux qui sont tombés, Charles."

"Je suis désolé. Je ne la connaissais pas bien." Il y eut un silence pesant, que Charles se força à briser. "Que veux-tu faire, alors ?"

"Pourquoi est-ce à moi de répondre ?"

"Je serai dans ta tête ! J'apprécierai ce que tu apprécieras."

"Techniquement, tu seras dans ma tête et tu pourras me faire aimer ce que tu voudras."

"Je n'ai pas l'intention..."

Il n'avait jamais voulu modifier son esprit. Même quand il avait pensé le faire - pour sauver des vies, rien d'autre ne valait cela - cela n'aurait pas été une supériorité ou une victoire. Il y avait une raison pour laquelle il avait aimé être dans sa tête, et...

Juste encore une fois. Il fut surpris par l'excitation derrière son apparence irritée - mais il en était probablement de même pour lui. Ils avaient appris à cacher leurs sentiments.

Mais les pensées précises étaient bien plus troublantes encore - et, là aussi, plus complexes que ce qu'il aurait imaginé.

Il lui suffirait de le vouloir pour me faire oublier qui je suis. Et pourtant, je trouve encore que son pouvoir est tentant. Est-ce lui qui me fait penser cela ? Non, certainement, pas, il pourrait me faire tomber à genoux, il pourrait faire en sorte que je ne me pose pas la question. Que vas-tu faire, Charles ?

"Est-ce que que tu veux ?" demanda Charles. "Oublier un instant ?" Mais temporairement, et sans qu'il en soit de sa faute ?

"C'est toi le drogué, pas moi." riposta Erik. "Tu pourrais même me rendre heureux, n'est-ce pas ? C'est abject." Charles aurait pu en être offensé s'il n'était pas dans sa tête, s'il ne pouvait pas sentir l'embrasement de désir et d'effroi ; et oui, il pouvait comprendre cela.

Le plus difficile à saisir était à quel point Erik voulait cela, et à quel point il s'agissait de fantasmes et de bravade.

"Je n'irai pas si loin." dit Charles.

Entrant dans l'esprit d'Erik, y trouvant un nuage de désir tendu, il apaisa la tension, la faisant passer au second plan ; lentement, et de façon à ce qu'Erik puisse distinguer son influence, la séparer de son propre esprit ; mieux que pouvait le faire, par exemple, l'alcool.

Il n'avait jamais utilisé son pouvoir de cette façon. Il ne se doutait pas que cela pouvait être si intime, si saisissant. Erik laissa échapper un soupir. Charles pouvait ressentir son désir s'éclaircir et croître. Il prit un instant le contrôle de son corps, lui fit faire quelque pas dans sa direction, mettre un genou à terre. Puis il lui rendit la complète liberté de ses mouvements, avant de toucher sa joue.

"Est-ce acceptable pour toi ?" demanda Charles. Il avait certainement un problème avec la façon d'exprimer ses émotions, s'il parlait avec le vocabulaire d'un notaire et les intonations d'une collégienne. Il pouvait bien trouver un juste milieu, certainement ?

"Très acceptable." répondit Erik d'une voix rauque et sensuelle.

"Veux-tu que nous nous embrassions ?" proposa Charles.

Erik, toujours un genou à terre, eut un sourire provocateur. "Peux-tu m'y forcer ?"

Il le pouvait certainement.

Charles se laissa un instant aller à la pure sensualité des caresses de leurs lèvres et de leurs langues. Puis, vérifiant une fois de plus dans l'esprit d'Erik qu'il ne se sentait pas forcé, il fut pris dans un tourbillon ardent, un désir qui n'était pas le sien, mais qui aurait pu l'être, s'il se laissait simplement aller.

Il gémit et embrassa Erik plus fort, caressant ses épaules de ses mains, à travers la chemise d'abord, puis ouvrant les boutons pour toucher la peau. Erik en fit de même avec la sienne, et bientôt, leurs vêtements se retrouvèrent à terre, en tas. Ses mains caressaient son torse, y faisant naître des traînées de flamme. Il avait cessé de l'embrasser pour lui sucer le cou. Charles sentit une érection lui lancer le ventre...

C'est à ce moment seulement qu'il réalisa ce qu'ils étaient en train de faire - ce qu'il était en train de faire - à ressentir les sentiments d'Erik, et lui laisser ressentir les siens, et ne plus savoir distinguer leurs esprits et leurs corps. Sa... stimulation des désirs d'Erik avait créé une bouche de rétroaction qui menaçait de les emporter tous les deux.

Charles rompit le lien mental. Ils se regardèrent, chacun soudain très conscient de son corps, mais toujours haletants, avides l'un de l'autre. Ils n'avaient rien perdu. Et sa main pressait toujours le sexe d'Erik à travers son pantalon.

"Que s'est-il passé ?" demanda Erik. Même sans télépathie, Charles comprit cela comme : pourquoi t'es-tu arrêté ?

"J'avais besoin d'être seul avec mes pensées." répondit Charles. Puis, comme cela pouvait sembler blessant, il reprit. "Et maintenant que c'est fait, ouvre ton pantalon, mon cher."

Erik s'exécuta, contraint, mais vibrant de l'être. Il se pencha vers Xavier, s'inquiétant seulement. "Cela compte-t-il comme du sexe ?"

"Certainement, quand c'est bien fait." répondit Charles avec un clin d'oeil, surpris de sa propre audace.

Il caressa doucement du doigt la zone la plus sensible, et réfléchit dans son esprit le plaisir d'Erik. Il lui transmit, de même, la chaleur contre ses doigts, la senteur musquée qu'il ne remarquait certainement plus, un écho lointain de ses sentiments.

Il savait comment agissait la boucle de rétroaction maintenant ; il pouvait l'utiliser et la maintenir dans certaines limites. Pressant plus fermement, mais toujours avec précision, il s'imprégna du plaisir que cela procurait à Erik. Il pouvait tenter d'être doux, mais cela vint comme un choc.

Il eut un sourire qui mêlait l'extase, la nervosité, une envie de rassurer sans doute.

"Est-ce bon ?" demanda-t-il.

"Un peu plus que bon." répondit Erik, haletant. Il le fixa d'un air de défi, sans animosité, presque joueur. "Tu peux faire mieux, je pense."

Charles se laissa provoquer, et lui envoya directement un éclair de plaisir et d'envie dans le cerveau, en même temps qu'il intensifiait les caresses sur son sexe. Il fut récompensé par un gémissement incontrôlé et frustré de l'être. Erik, tremblant, appuya sa tête contre l'épaule de Charles. Malgré l'intimité de leur situation, il ne voulut pas regarder s'il s'agissait de garder son équilibre ou de tendresse.

Mais, peu à peu, il laissa se mêler leurs esprits jusqu'à partager tout, le plaisir des terminaisons nerveuses ardentes et de l'intimité physique, l'excitation de leurs corps, de leurs esprits, et celle tout artificielle de la surexcitation psychique, le plaisir du contrôle et celui d'être contrôlé. Le plus difficile devint de ne pas se laisser aller, de ne pas se perdre à partager son esprit entier. Il était trop tard pour cela ; ou trop tôt.

L'orgasme d'Erik les submergea, éclatant et âpre à la fois ; Charles laissa le lien télépathique se rompre, pour les protéger, peut-être devant un risque de surcharge psychique, peut-être devant les sentiments de regret qui risquaient de naître une fois que tout serait fini. Chacun en aurait bien assez avec les siens.

Charles reprit conscience de la réalité. Erik se releva, s'éloignant de lui, un signe sombre, même si cela était nécessaire pour qu'Erik puisse refermer son pantalon, pour que Charles puisse prendre un mouchoir dans sa poche et essuyer ce qui avait besoin de l'être.

"C'était..." dit Erik d'un ton hésitant.

"Pas si mal." compléta Xavier, sans oser être totalement sincère, en espérant qu'une litote pourrait transmettre au moins une part de son opinion.

Erik hocha la tête. "Je me demande encore quel était l'objectif de cette demande."

"Peut-être juste pour nous faire communiquer ?" suggéra Charles.

"Si c'était le cas, ils auraient dû inviter Mystique aussi. Pourquoi pas, après tout ?"

Charles lança un regard horrifié, avant de voir Erik sourire ; cela avait été une plaisanterie, et il rit aussi.

"Je regrette ce que je lui ai fait." C'était ce qui se rapprochait le plus d'excuses, pour Erik, même s'il pouvait très bien n'avoir de regrets que pour la façon dont il avait laissé son sang se répandre. Charles était de trop bonne humeur pour approfondir la question.

"Nous avons bien besoin de nous disputer sur autre chose que sur le problème mutant, après tout." continua Charles.

"Les humains sont le problème." corrigea Erik presque automatiquement.

"Exactement ce que je voulais dire."

Ce genre de conversation avait le don pour faire oublier l'idée qu'ils avaient eu des relations sexuelles à la suite d'une lettre anonyme il y a quelques instants seulement. Charles n'aurait pu dire si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

Erik soupira. "N'auraient-ils pas pu nous donner quelqu'un à tuer, plutôt ? Cela aurait fait le même usage !" Cette fois-ci, Charles ne risqua pas de le prendre au sérieux.

"A une autre fois ? Peut-être ?" hasarda-t-il.

"J'ignore tout des circonstances, mais j'ai dans l'idée que nous ne serons pas aisément débarrassés l'un de l'autre. Et je devrais..."

Il hésita. Charles attendit.

"Non, rien." Charles surmonta aisément la tentation de savoir. Si c'était important, Erik finirait par le dire. Probablement. Cela ne valait pas la peine de l'inquiéter en ne respectant pas son intimité pour les petites choses.

Après cela, les adieux étaient effectivement dits. Pendant le bref temps que prit Magneto pour sortir, pour s'envoler sur la vague des ondes magnétiques, ils ne se parlèrent plus. ils essayèrent même, sans succès, de ne pas se regarder.

Charles essaya de ne pas formuler trop de voeux pour la prochaine fois.

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